Jan Van Acker
Museumverhalen
Het wapen van Martinus Collé, geschilderd in het behandelde drukwerk  (Grootseminarie Brugge - foto door Abdijmuseum Ten Duinen)

Article du 25.01.2019

Les archives des Dunes conservées au Grand Séminaire ne cessent de surprendre. Outre les grandes séries, qui sont relativement décrites, l'archiviste déterre parfois des pièces qu'elle n'a pas encore examinées et dont on ne sait pas exactement ce qu'elles sont. Et cela peut parfois permettre de faire de belles trouvailles de circonstance. Comme un imprimé, brillamment illustré d'images à pleine page illustrant la victoire de l'abbé Martin Collé face à son contre-abbé, Arnaud Terrasse.

De Zonnekoning Lodewijk XIV, die de aanstelling van Terrasse als abt steunde (schilderij toegeschr. P. Mignard - commons.wikimedia.org)

Les guerres franco-espagnoles placent l'Abbaye des Dunes dans une situation particulièrement précaire au milieu du 17ème siècle. En 1627, le siège avait été transféré à Bruges, qui appartenait à l'Empire espagnol. Avec les traités de paix de Münster et de Westphalie (1648), l'abbaye perd définitivement les possessions du quartier Est (Flandre zélandaise) au profit de la dynastie d'Orange. Et le quartier ouest (Veurne et Bergues géré depuis Ten Bogaerde) avait été capturé par les troupes du Roi Soleil. La région est reconquise à plusieurs reprises et perdue à nouveau par les Espagnols, pour être finalement "définitivement" jointe à l'empire de Louis XIV. L'abbaye a essayé d'assurer sa possession "française" en mettant sur place un nombre décent de moines.

Terrasse abbé à Ten Bogaerde, toute de même un instant.

La mort de l'abbé Michel Bultynck en 1678 a causé de graves problèmes. Dans la Bruges espagnole, Martinus Collé est élu comme nouvel abbé, mais il s'efface au profit d'Eugène van de Velde car il se sent insuffisamment compétent pour l'administration séculière. Cependant, à Ten Bogaerde, une élection particulière de l'abbé a eu lieu. C'est là qu'Arnaud Terrasse, l'administrateur du quartier ouest, est nommé en tant qu'abbé. Cela s'est fait avec le soutien du roi de France et même avec l'approbation de l'abbé de Clairvaux (également situé en France, bien sûr), l'abbaye mère de l'Abbaye des Dunes!

Les deux abbés ont brandi des arguments. En quoi consistaient-ils, comment le conflit a finalement été résolu et comment Martin Collé, devenu abbé après Eugène van de Velde, a réussi à faire évincer Terrasse en 1683, vous pourrez le lire dans notre Annuaire (en néerlandais). Loes Verdru en a fait son mémoire (KULeuven; voir notre Annuaire paru en 2021 pour ses résultats).

De kapel die Martinus Collé in 1687 als dank bouwde aan de dreef naar Ter Doest (foto door Abdijmuseum Ten Duinen)

Vive l'abbé Collé!

Pour l'Abbaye des Dunes, qui avait désespérément besoin du quartier ouest, la victoire de Collé était particulièrement importante. En 1687, en souvenir de ceci, il construira une chapelle près de Ter Doest. Ce que nous voulons souligner ici, c'est que tant le conflit que le "triomphe" de Collé ont donné lieu à toute une série d'imprimés. Les deux abbés ont fait imprimer leurs arguments, rejetant ceux de leur adversaire, afin qu'ils soient largement connus et, dans l'espoir, d'accroître du soutien. Mais la victoire de Collé a également donné lieu à plusieurs hommages. Il s'agissait, par exemple, de chronogrammes festifs, dans lesquels on obtient l'année 1683 avec des chiffres romains à interpréter comme des lettres (par exemple V = 5). Ou ils ont ingénieusement utilisé son nom dans des anagrammes, des jeux de mots. Bien entendu, sa victoire est célébrée dans des versets virulents. Tout cela de préférence en latin...

Martinus Collé op grisaille 15 van de Duinenabdij (Grootseminarie Brugge - LukasWeb/D. Provoost, Brugge)

 C'est un de ces imprimés que Céline Decottignies, archiviste du Grand Séminaire, a fait découvrir cette semaine. Une couverture bien soignée avec étampe, contenant deux tirages. Le premier est le jugement complet du Conseil d'd'État français, imprimé en 1683 à Paris même, dont le Musée de l'Abbaye possède également un exemplaire. Le second est un message de félicitations du noviciat à Collé : "CongratVLatIo qVaM DeVoVebat noVItIatVs", imprimé par Josse vander Meulen de Bruges. Le titre est immédiatement un tel chronogramme que fournit 1683. Les novices pouvaient même produire des chronogrammes comprenant le même texte en latin aussi bien qu'en néerlandais : "eX te MartIne saLUs VnICa DVnensIbVs" ou encore "VVt V MartIne Is't eenIgh gheLUCk Van DVnen". Faites le calcul - ou utilisez l'un des programmes sur Internet qui le fera pour vous. - lien vers site néerlandais .

Le contre-abbé déchu

L'édition de Jossé vander Meulen au Grand Séminaire est un exemplaire exceptionnel. Le blasson complet de l'abbé Collé avec sa devise d'armes et comme attributs la crosse et la mitre sont peints dans un cadre de rubanerie. Ensuite, le vraitravail commence. La deuxième partie de l'imprimé, appelée "Chronicon", est illustrée par des illustrations pleine page, dont chacune est liée au texte. La dernière dépaint magnifiquement sa victoire à Terrasse.

En avant-première de notre annuaire, nous incluons cette dernière image. (La chute d'Icare) le texte donne comme anagramme de Martin Collé "Icarum tollens", à traduire par "Icare (emportant)", et l'estampe exploite volontiers ce fait. Au centre, Terrasse s'écroule, poursuivant sa crosse et sa mitre brisés. Le blason est-il sa ruse tronqué? Ci-dessus, vous pouvez voir, entre autres, la balance de la justice qui l'a destitué. Une épée de justice transperce les ballons avec "auaritia" (avidité d'argent ou d'ambition) et "superbia" (orgueil). Ainsi Terrasse descends comme un Icare des temps modernes. Et en arrière-plan, on peut voir son anitpode, Martin Collé, montant sans encombre au sommet de la montagne (une allusion à sa devise d'armes), où le trône de l'abbé avec sa crosse et sa mittre se tient prêt à coté du blasson de l'Abbaye des Dunes.

 
De val van Terrasse als moderne Icarus (Grootseminarie Brugge - foto door Abdijmuseum Ten Duinen)

Il reste encore beaucoup de questions

L'imprimés contenant les images peintes à la main mérite certainement d'être étudiés davantage. Combien d'exemplaires ont été imprimés? D'autres copies (peut-être sans ces images) sont-elles connues? Est-ce que cette image était destinée à être distribuée en dehors de l'abbaye? Qui a réalisé les illustrations? Les arbres ressemblent quelque peu à ceux des immenses toiles des cloîtres du Grand Séminaire, peintes par les moines Balthazar d'Hooghe (†1697) et Donatien vanden Bogaerde (†1695). Le format et la technique peuvent différer considérablement, mais ils étaient actifs à Ten Duinen à cette époque. Un historien d'art pourra sans doute en dire davantage à ce sujet. Mais ce qui est déjà évident, c'est qu'ici - au sein de l'abbaye - un artiste était à l'œuvre, qui, d'une manière inimitable, a produit une sorte de caricature du schisme, en témoignage de l'immense joie des moines des Dunes quant au fait que le conflit ait connu une fin si heureuse pour leur abbé Collé.