Abdijmuseum Ten Duinen
Museumverhalen
Toen de dieren nog spraken in 2017, met vertellers Tom Van Outryve & Catherine Pierlot

Article du 26.12.2019

Le musée de l'abbaye organise chaque année sa balade contée "Au temps où les animaux parlaient " qui se déroule en décembre. Ne vous attendez pas à du théâtre et certainement pas à une séance de lecture. Mais des conteurs expérimentés qui sont en interaction avec leur public. Dans ce blog, nous prenons un moment pour nous pencher sur les raisons de l'organisation de "Au temps où les animaux parlaient ", en collaboration avec les deux curateurs du festival, Veerle Ernalsteen et Fred Versonnen.

En 2016, le Musée de l'Abbaye a organisé pour la première fois un événement de contes dans le musée et sur le site de l'abbaye. Nous avons cherché un successeur digne de ce nom à notre événement d'hiver, où l'accent était mis sur le théâtre et les activités annexes. Le chemin que nous avons ensuite emprunté n'était pas le plus évident, mais néanmoins très plaisant. Organiser un événement de narration. La preuve qu'une telle chose peut réussir, ils l'ont prouvé pendant des années à Alden Biesen (Bilzen). Là-bas, ils ont fondé une très belle tradition dans le château avec un public de fidèles.

Sfeerbeeld 'Toen de dieren nog spraken' editie 2017 (c) Lambert Derenette & Linda Renette

Le Musée de l'Abbaye: une collection d'histoires

Pour le Musée de l'Abbaye, les histoires sont importantes pour transmettre le patrimoine à son public. Regardez, par exemple, les expériences de réalité virtuelle. La technologie peut-etre de qualité mais sans une bonne histoire, elle ne tiendrait pas la route. C'est également ce que confirme Fred Versonnen qui, avec Veerle Ernalsteen, co-détermine le programme de "Au temps où les animaux parlaient ". “Le vieux dicton "si vous oubliez l'histoire, vous êtes condamné à répéter les choses" est bien connu", dit Fred. "'Au temps où les animaux parlaient' se déroule au Musée de l'Abbaye, un lieu où l'on se consacre en permanence à la représentation d'histoires du passé. Mais plus encore, elle vous permet d'établir une sorte de lien avec le passé. Nous avons besoin de cette connexion en tant que peuple pour apprendre à gérer la diversité. Ecoutez, certaines personnes disent que nous devons nous replier sur notre propre culture et rien de plus. Non, vous devez connaître votre propre culture de manière honnête et réelle. Ce n'est qu'alors que vous pouvez vous connecter à d'autres cultures." 

Fred Versonnen en Veerle Ernalsteen hier beiden aan het werk tijdens een van de vorige edities van 'Toen de dieren nog spraken'. Ze helpen bij het programmeren van het vertelevenement.

Le métier de conteur

Ce que font les conteurs professionnels est souvent confondu avec la "lecture d'un livre à haute voix". Un malentendu auquel les narrateurs eux-mêmes se heurtent encore trop souvent. "Un livre a beaucoup de mots, parce qu'un écrivain doit décrire beaucoup de choses. Mais un narrateur n'a pas vraiment besoin de tant de mots", explique Fred. "Parce que celui-là aussi a une game non verbale. Lorsque les gens nous écoutent, et surtout les enfants, ils écoutent essentiellement avec leurs yeux. Les conteurs regardent leur public, établissent un contact visuel. Ne le confondez pas non plus avec le théâtre." Veerle ajoute : "Dans de nombreux cas, le théâtre est composé de quatre murs. L'ouverture vers votre public est aussi une sorte de mur. Parce que ce que vous faites sur scène, devant votre public, est en fait fixé. Ce n'est pas le cas de la narration. Au contraire, il est très important d'interagir avec votre public. Lorsque je dois conter une soirée entière, il m'arrive de changer mon programme. Parce qu'on apprend à connaître son public, à sentir ce qui lui convient. C'est pourquoi je ne veux pas conter devant une salle obscure. Je veux voir les expressions des visages. Je pense que cela ne joue pas un rôle aussi important au théâtre."

"Peut-être que le métier de conteur a un peu plus en commun avec le stand-up comedy, dans le sens où ils recherchent également l'interaction avec le public. Ils le font avec des blagues, nous le faisons avec des histoires." Fred développe la partie interactive : "un conteur regarde, voit et utilise aussi ce qui se passe devant lui dans ses histoires".

Sfeerbeeld van de eerste editie van het vertelfestival in Ten Duinen, in 2016 (c) Lambert Derenette & Linda Renette

Pas de personnages sur scène

C'est aussi grâce à son public que Veerle a reçu sa plus grande leçon de narration. "Récemment, j'ai commencé à raconter des histoires dans la classe d'un ancien collègue. Là, j'ai raconté la première histoire que j'ai commencée, il y a 19 ans. A ce moment-là, je venais du théâtre et cette histoire était fixe. Maintenant j'étais constamment interrompu, les enfants 

posaient des questions, je me posais moi-même beaucoup plus de questions. Nous vivions vraiment plus l'histoire ensemble."

"En tant que conteur, vous n'êtes pas non plus dans un rôle, ou dans un personnage ou un caractère pour raconter une histoire", explique Veerle. "Cela ne veut pas dire qu'il ne doit pas y avoir de dialogue dans votre histoire, mais au final, vous restez un narrateur. La personne que vous êtes dans la vie de tous les jours est toujours présente, et c'est ce qui la rend si différente et si attachante, je trouve."

Un concept ancestral

On peut se demander pourquoi la narration existe encore dans un monde de smartphones, de playstations, de réalité virtuelle et de robots. Veerle constate que la sociabilité et l'interconnexion jouent un rôle important. "On se trouve dans une sorte de bulle magique pendant un instant. Réunis pour un petit moment. Vous établissez un contact avec les gens", dit-elle. "Pour qu'il y ait une sorte de lien. Pour que vous soyez ensemble dans l'histoire, mais aussi dans le moment présent." Fred confirme : "Lors d'un festival de contes comme "Au temps où les animaux parlaient", il ne s'agit pas seulement de raconter des histoires, mais aussi de se réunir. Le partage. Histoire après histoire. La formation d'une communauté en fait."

“Bij een vertelfestival zoals ‘Toen de dieren nog spraken’ gaat het niet alleen over die verhalen, maar ook over het samenkomen. Het delen." (sfeerbeeld editie 2018)

Les ingrédients nécessaires pour une bonne histoire

Quelle est la recette d'une bonne histoire ? "Vous avez un certain nombre d'éléments", clarifie Fred. "Une bonne histoire, être capable de bien la raconter aussi. Mais avant tout, une histoire doit être identifiable. Vous devez être capable de vous identifier à un personnage. Pouvoir compatir. Chaque membre du public s'engage dans l'histoire à sa manière. Avec le Petit Chaperon rouge, les petites filles vont se sentir très proches du Petit Chaperon rouge même. Les mamans avec la mère et ainsi de suite.

L'émotion est très importante. C'est connu. Si vous regardez un film ou écoutez de la musique, vous serez ému lorsque vous reconnaîtrez quelque chose. Et... Il doit toujours y avoir un problème." (rires) "Une histoire sans problème n'est pas une histoire. "Ils vécurent heureux jusqu'à la fin des temps" n'arrive qu'à la fin. Il y a un problème, un déficit, un besoin, un désir, ... et vous le cherchez. C'est aussi souvent une question de transformation. Les histoires s'arrêtent souvent là où une transformation a été réussie : le fait que vous finissiez par trouver le "truc" signifie que vous avez également beaucoup changé en tant que personne, que vous avez gagné en perspicacité. Que vous ayez grandi, mûri. Que vous laissez quelque chose derrière vous."

“Ne jamais expliquer une histoire”

Il y a souvent des leçons à tirer d'une histoire", dit Fred, "mais en Angleterre, on dit à juste titre "Never explain a story". Le conteur doit être au service de l'histoire. C'est pourquoi vous ne direz jamais "ceci est une leçon". Les leçons peuvent être comprises immédiatement, ou seulement au bout de quinze jours, ou au bout de plusieurs années. Une histoire est comme une graine que l'on jette à terre. Elle ne se manifeste pas toujours instantanément, mais elle est semée."

Veerle Ernalsteen vertelt tijdens 'Toen de dieren nog spraken' in 2017

La passion du conte

Fred et Veerle ont tous deux contracté le virus de la narration au cœur de leur famille. "Pour moi, c'est mon père, mon oncle et mon grand-père qui m'ont transmis cette passion", se souvient Fred. "Je viens d'une famille où l'on ne racontait pas vraiment de contes de fées, mais où l'on racontait des histoires de village. Ils pouvaient raconter des histoires incroyablement captivantes. Le reste de la famille se réunissait alors autour d'eux. Mes trois frères et moi nous asseyions et écoutions, les oreilles attentives et la bouche ouverte. Nous restions très narratifs. Je réalise également de nombreux projets scolaires dans le cadre desquels nous demandons aux élèves d'aller chercher des histoires de famille. Parlez à votre grand-mère, à votre arrière-grand-père. Je leur demande ensuite de trouver une ou deux histoires de famille. Essayez de les chercher, de les découvrir. Vous ressentirez soudain quelque chose que vous n'avez jamais ressenti auparavant : que vous faites vraiment partie de quelque chose". Veerle vient également d'une famille où l'on racontait toujours des histoires. "Mes tantes allaient au cinéma, rentraient à la maison et racontaient ce qu'elles avaient vu en détail. Il y avait toujours des histoires à raconter. Enfant, j'ai aussi toujours lu beaucoup d'histoires et de contes de fées. Récemment, quelqu'un m'a demandé pourquoi je ne faisais pas de stand-up ou de monologues au théâtre. Je me suis alors dit : ces contes de fées aux multiples couches, c'est un peu mon médium" (rires).

In 2017 kwam Sahand Sahebdivani vertellen tijdens 'Toen de dieren nog spraken'. (c) Lambert Derenette

Le paysage du conte en Belgique

Lors des éditions précédentes, nous avons eu à l'affiche avec "Quand les animaux parlaient encore" des conteurs de premier plan qui ont déjà raconté des histoires en Belgique et à l'étranger. Pourtant, on a l'impression que le monde est encore petit et que tous les conteurs se connaissent. "C'est vrai, nous ne sommes pas si nombreux. Ce n'est pas quelque chose de très connu du grand public", ajoute Veerle. "En ce qui concerne les festivals de contes en Belgique, le Festival international du conte d'Alden Biesen est très connu. Il est organisé chaque année. Il s'adresse également aux écoles dans une large mesure. D'un autre côté, il est vrai qu'il ne faut pas trop vite cataloguer le conte. Il existe sous tant de formes différentes. Je raconte pour de petits et de grands groupes, dans de petits et de grands espaces. Pour des associations, dans des promenades contées avec différents thèmes, ... maintenant je fais une promenade Bruegel avec des peintures, par exemple. C'est très varié".

Autres initiatives en matière de contes

Fred et Veerle participent tous deux à l'organisation d'autres festivals. "Avec deBuren, nous avons organisé pendant de nombreuses années le Midsummer Storytelling à Gent avec des subventions de quartier", explique Veerle. "C'est sur la base de ce concept que nous développons l'événement 'Oorvonk' sur une base un peu plus large. Fred participe à l'organisation du festival de contes Fonkelvogel, qui a lieu tous les deux ans. Au cours de l'année, des conteurs internationaux sont également invités sur la scène du centre culturel De Borre à Bierbeek. Les narrations sont chaque fois en anglais et précédées d'un narrateur néerlandophone. "Pour chaque festival, il faut un temps de croissance", explique Fred. "On peut comparer tous les festivals. Mais pour ce qui est du musée de l'abbaye de Ten Duinen, je pense qu'il s'agit d'un cadre très agréable et je ressens un grand respect pour les contes et les conteurs. Le public est également très sympathique !